Chapitre 8 : Quelles sont les évolutions récentes du commerce mondial ?

I. Comment la mondialisation a-t-elle transformé les échanges internationaux ?

L'essor du commerce international et l'accentuation de la concurrence entre territoires qui en découle constituent une caractéristique majeure de la mondialisation de l'économie.

A. L'ouverture des économies aux échanges mondiaux

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les économies connaissent une ouverture croissante et une progression considérable de leurs échanges commerciaux. Ainsi, de 1950 à 1973, les échanges mondiaux ont augmenté deux fois plus vite que la production mondiale.

De nombreux facteurs ont participé à cette évolution. Parmi eux, la baisse considérable du coût du transport et des télécommunications, et le développement du libre-échange (des biens, des services et des capitaux) prôné par des organisations internationales telles que l'OMC (Organisation mondiale du commerce), la Banque mondiale et le FMI (Fonds monétaire international).

Selon l'OMC, la part du commerce international dans le PIB mondial, qui était d'environ 40% en 1992, dépasse aujourd'hui 50%.

La croissance du commerce mondial a été impactée par la crise de la dette souveraine en Europe, passant de 13,8% en 2010 à 2,2% en 2013. En 2014, le commerce des marchandises a augmenté de 3,1%. Ce taux est inférieur à la moyenne des vingt dernières années (1992-2012), qui est de 5,3%.

En 2015, la croissance du commerce mondail de marchandises était de +2,7%. Elle a été à peu près égale à celle du PIB mondial qui s'est établie à 2,4%.

La faiblesse du commerce en 2015 s'explique par le ralentissement économique en Chine, la grave récession au Brésil, la chute des prix du pétrole et des autres produits de base et par la volatilité des taux de change.

B. La diversification des échanges

La nature des principaux biens échangés a évolué. Après 1945, les produits manufacturés ont joué un rôle majeur dans le commerce international. Ces biens représentaient 50% des échanges au début des années 1950, 75% en 2005 et 65% en 2011. Ils sont aujourd'hui le véritable moteur du développement du commerce mondial.
La croissance de la part des produits manufacturés dans les échanges est liée à la hausse du commerce intrabranche, qui consiste en des échanges croisés de produits appartenant à la même branche ou à la même catégorie de produits.

Den nos jours, les services représentent environ 20% des échanges. Leur croissance est portée notamment par les services informatiques et d'information.

Les biens primaires ne représentent que 14% des échanges. Leur part connaît une baisse importante depuis les années 1960 même si les volumes ont augmentés.

II. Quelles sont les forces et les faiblesses du commerce extérieur français ?

A. La balance des transactions courantes

Les échanges internationaux sont enregistrés dans la balance des paiements, document comptable qui retrace tous les flux d'actifs réels, monétaires et financiers entre les agents résidents d'une économie et les agents non résidents sur une période déterminée.

Le compte des transactions courantes est le compte de la balance des paiements qui regroupe les opérations sur les marchandises (exportations et importations), sur les services, sur les revenus (rémunérations des salariés par exemple) et sur les transferts courants (aides publiques ou privées).

Le solde des transactions courantes peut être positif ou négatif. Un solde déficitaire (les importations de marchandises et de services, ainsi que le montant des revenus et transferts versés à l'étranger sont supérieurs aux mouvements inverses) signifie que le pays dépense plus qu'il ne produit. Ce pays vit donc au-dessus de ses moyens.

En 1974, le déficit de la France était de -2,6 milliards d'euros (contrecoup du premier choc pétrolier), puis de -14,3 milliards d'euros en 1982 (contrecoup du second choc pétrolier). Après un excédent de +23,1 milliards d'euros en 1997, le déficit a été de -74,5 milliards en 2011 (déficit record), et environ -48,1 milliards d'euros en 2016 contre 45 milliards en 2015 (chiffres hors négoce international).
À titre de comparaison, l'Allemagne a enregistré en 2016 un excédent commercial record de 252,9 milliards d'euros.

La France connaît donc des déficits commerciaux, mais la tendance de long terme depuis 2011 est à la diminution de ces déficits grâce à l'augmentation des exportations dans les secteurs clés de l'aéronautique et de la pharmacie, et au ralentissement des importations.

Sur les trois dernières années, le solde des services a été excédentaire. Toutefois, la balance dse services a connu une dégradation en 2016 (ecédent de +0,4 milliards d'euros contre +8,8 milliards en 2015), du fait des mauvais résultats du tourisme et du recul des services de prestations intellectuelles (conseil, service juridique, R&D).

En mars 2017, les chiffres de la Banque de France mentionnent un déficit courant de -9,6 milliards d'euros en 2015 et -19 milliards d'euros en 2016.

B. La répartition des échanges de la France

Position dans le commerce mondial :

En 1980, la France représentait plus de 6% des parts de marché mondiales (biens et services). En 2015, la France était le 5ème exportateur mondial de biens et services derrière la Chine, les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni. C'est le 7ème exportateur mondial de biens.

Son poids dans les exportations mondiales a tendance à diminuer (il en va de même pour le Royaume-Uni). En 2016, sa part dans le commerce mondial est estimé à 3,5%.

Principaux déficits et excédents :

En 2014, le premier excédent de la France a été celui du secteur aéronautique, qui a enregistré un record de 23,6 milliards d'euros. Ces exportations sont moins sensibles à la conjoncture.

Ainsi en 2016, les livraisons aéronautiques sont restées stables et à haut niveau, égalant le record de 2015, soit 58 milliards d'euros (47 appareils A350 ont été livrés en 2016 contre 14 en 2015).

L'excédent aéronautique et spatial est de 18,6 milliards en 2016, après avoir été à son plus haut niveau à 22,3 milliards en 2015.

En 2015, la France a été le 2ème exportateur mondial dans ce secteur, emportant 22% des parts de marché mondiales.

Entre 2015 et 2016, le solde commercial global s'est dégradé (passant de -45 milliards en 2015 à -48,1 milliards en 2016), en raison d'un accroissement du déficit manufacturier supérieur à l'allègement de la facture énergétique.

En 2016, l'élargissement du déficit manufacturier s'explique principalement par la réduction de 3,7 milliards d'euros de l'excédent aéronautique (de 22,3 à 18,6 milliards) mais aussi par le creusement du déficit automobile (véhicules et équipements automobiles) du fait de la poussée des importations.

En 2016, les exportations de véhicules automobiles sont à la hausse pour la troisième année consécutive (+4,6%). L'industrie automobile bénéficie du dynamisme du marché européen et de l'amélioration de la compétitivité des usines de production en France.

Cependant, me déficit sur les véhicules se creuse (-10,2 milliards en 2016, après -7,7 milliards), tandis que l'excédent sur les équipements se réduit (+0,5 milliard, après 1,3 milliard).

La France est dépendante en matière d'hydrocarbures. Sa facture énergétique est stable depuis 2015, avec un déficit de 36,1 milliards d'euros en 2017 (graphique de l'Inseeopen_in_new).

En 2016, le commerce extérieur français était déficitaire de 48,4 milliards d'euros et de 62,7 milliards en 2017.

Les faiblesses du commerce extérieur de la France s'expliquent par sa dépendance énergétique, mais aussi par un manque de compétitivité-prix et hors-prix (qualité, innovation).

III. Qui sont les nouveaux acteurs du commerce mondial ?

Les trois dernières décennies ont été marquées par la montée en puissance de pays dits émergents et par le rôle accru des FMN.

A. De la Triade aux BRICS

La Triade désigne trois zones géographiques qui dominent l'économie mondiale. Elle regroupe l'Amérique du Nord (États-Unis et Canada), l'Europe occidentale et la zone Asie-Pacifique (Japon, Corée du Sud et pays du Sud-Est Asiatique). Ces pays ont des niveaux de vie supérieurs à ceux du reste du monde.

Les BRICS représentent le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud (ayant rejoint les autres en 2011). Ces nouveaux acteurs économiques, qui font partie du G20, forment un ensemble disparate dont le point commun est d'afficher une croissance économique forte et soutenue, ainsi qu'un potentiel commercial considérable.

Leur poids économique mondiale va croissant, remettant en cause la domination des pays riches (G7) dans l'économie mondiale.

En 2014, les BRICS représentent actuellement environ 18% du PIB mondial, 40% de la population mondiale, 15% du commerce et 40% des réserves monétaires mondiales.

B. Le rôle des firmes multinationales

1°) Définition et stratégie

Une firme multinationale est une firme constituée d'une maison-mère et de filiales implantées à l'étranger. C'est une firme nationale qui contrôle ou possède au moins une filiale basée à l'étranger.

Acteurs majeurs de la mondialisation, les FMN contribuent fortement à la croissance du commerce international et des flux financiers.

L'organisation de la production des FMN se fait au niveau mondial. Sur la base d'une stratégie fondée sur l'existence des disparités nationales, elles cherchent à diminuer les coûts de production (facteur travail en particulier), à contrôler l'approvisionnement en matières premières, et à pénétrer de nouveaux marchés.

2°) Un commerce intrafirme et une décomposition internationale du processus productif

Les stratégies d'implantation des FMN modifient la nature du commerce international qui devient alors un commerce intrafirme.

Aujourd'hui, un tiers du commerce mondial de biens et services correspond à des échanges « intrafirmes » réalisés par des entreprises dépendant d'une même firme. Les échanges se font de filiale à filiale ou de société mère à filiale appartenant à un même groupe.

Le processus de production fait l'objet d'une division à l'échelle mondiale. On parle de « division (ou décomposition) internationale du processus productif » (DIPP). Des composants des produits ou des segments de production sont réalisés dans différents pays en fonction de leurs avantages comparatifs.