Chapitre 2 : Quelles sont les causes du chômage ?

Le problème majeur sur le marché du travail est le chômage, causé par un déséquilibre entre l'offre et la demande de travail. Les causes de ce dernier font l'objet d'interprétations multiples.

I. Comment définir le chômage ?

A. La définition du chômage

En première approche et de manière générale, le chômage se définit comme la situation d'un individu ou d'une partie de la main-d'œuvre d'un pays qui est sans-emploi, disponible pour un emploi et à la recherche d'un emploi.

Les chômeurs font partie intégrale de la population active, qui se définit quant à elle comme l'ensemble des personnes en âge de travailler exerçant ou déclarant chercher à exercer une activité rémunérée.

Taux d'activité = 
Population activePopulation totale âgée de plus de 15 ans
 X 100

L'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) calcule chaque année le nombre de chômeurs en appliquant la définition officielle du Bureau international du travail (BIT) adoptée en 1982. Cette définition est utiliser pour effectuer les comparaisons internationales.

Au sens du BIT, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :

  • être sans emploi, c'est-à-dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure dans une semaine de référence,
  • être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours,
  • avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Cependant, il n'est pas toujours facile de mesurer le nombre de chômeurs car les frontières entre emploi, inactivé et chômage sont parfois très minces. Par exemple, le chômage au sens du BIT ne tient pas compte de ceux qui cherchent un emploi sans être disponibles (personnes en stage ou en formation) ou de ceux qui sont disponibles sans effectuer de démarches réelles parce qu'ils sont découragés.

B. La mesure du taux de chômage

Le taux de chômage s'exprime en pourcentage de la population active et se mesure comme suit :

Taux de chômage = 
Chômeurs au sens du BITPopulation active
 X 100

C. Taux d'emploi, plein emploi et sous-emploi

L'INSEE définit le taux d'emploi comme le rapport entre le nombre de personnes en emploi et le nombre total de personnes.

Le plein emploi est une situation dans laquelle le chômage d'un territoire est réduit au chômage frictionnel incompressible : il n'existe pas de difficulté particulière à trouver un emploi.

Le sous-emploi comprend les personnes actives occupées au sens du BIT qui remplissent l'une des conditions suivantes :

  • elles travaillent à temps partiel, souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le faire, qu'elles recherchent activement un emploi ou non ;
  • elles travaillent à temps partiel ou à temps complet, mais ont travaillé moins que d'habitude pendant une semaine de référence en raison de chômage partiel (chômage techniqueopen_in_new) ou mauvais temps. (INSEE)

II. Quelles sont les caractéristiques du chômage en France ?

A. Les facteurs d'inégalités face au chômage

Le chômage frappe toutes les catégories de population active, mais certaines plus que d'autres.

Les facteurs d'inégalités sont :

  • l'âge : les jeunes subissent davantage le chômage que les seniors. Le taux de chômage des 15-24 ans atteint 22,3% en 2017 (contre 9,4% pour l'ensemble de la population active). De plus, les jeunes sont les premiers concernés par les emplois précaires ;
  • la catégorie socioprofessionnelle : les ouvriers (20,8% des actifs occupés), surtout les non qualifiés, connaissent plus de chômage (14,6%) que les cadres (4%).

B. Le chômage longue durée

Autre spécificité du chômage en France, la détérioration du marché du travail s'est traduite par une augmentation du poids des chômeurs de longue durée (plus d'un an). En 2017, 45 % des chômeurs sont au chômage depuis au moins un an (contre 35,4% en 2009), la moitié d’entre eux depuis au moins deux ans.

Ce chômage de longue durée touche particulièrement les seniors, qui éprouvent plus de difficultés à retrouver un emploi après un licenciement ou une perte d'activité : 63,1% des chômeurs de plus de 50 ans le sont depuis plus d'un an.

III. Quelle est l'origine du chômage ?

A. Le chômage conjoncturel

Le chômage conjoncturel est causé par un ralentissement temporaire de l'activité économique. Il est donc lié à la situation économique du moment (la « conjoncture »).

En effet, une insuffisance de la demande qui s'adresse aux entreprises freine l'offre des entreprises qui n'auront pas intérêt à produire plus que ce niveau de demande car elles n'écouleront pas leur production.

Elles devront donc réduire la quantité de facteurs de production utilisés, et notamment le facteur travail. Ainsi l'insuffisance de l'activité économique explique la progression du chômage.

À l'inverse lorsque la croissance repart, le chômage conjoncturel diminue.

B. Le chômage structurel

Le chômage structurel perdure sur le long terme et découle de déséquilibres dans les structures socio-économiques : déséquilibres régionaux, démographiques, inadaptation des qualifications, appareil productif vieillissant, réglementations inefficientes, etc.

On retiendra essentiellement deux explications :

  • l'inadéquation qualitative entre l'offre et la demande de travail : des offres d'emploi demeurent insatisfaites faute de pouvoir trouver sur le marché du travail les individus possédant les compétences recherchées. Par exemple, les périodes de mutation industrielle ont entraîné le déclin de certains secteurs au profit de nouveaux secteurs en développement nécessitant de nouvelles qualifications. Or, l'offre de travail des secteurs sinistrés ne correspond pas, d'un point de vue qualitatif, à la demande nouvelle de travail et crée un chômage durable. Ce fut le cas du secteur textile traditionnel en France.
  • l'insuffisante flexibilité du marché du travail, qui se manifeste par la rigidité des salaires à la baisse et une législation protectrice de l'emploi. En effet, le coût du travail n'a cessé de croître depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en raison d'une progression rapide des salaires et des cotisations sociales. Pour limiter leurs coûts, les entreprises peuvent être tentées de restreindre leurs effectifs ou de substituer du capital au travail, voire de délocaliser tout ou partie de leur production.

Le SMIC constitue ainsi un plancher qui limite la flexibilité des salaires, et donc le nombre d'emplois proposés par les entreprises.

De même, un droit social très protecteur, par exemple sur les autorisations de licenciement, peut aboutir, par les contraintes qu'il exerce sur la gestion de l'emploi, à freiner l'embauche de crainte de difficultés à licencier en cas de retournement conjoncturel ou d'échec d'un projet économique.

Les leviers de flexibilté du travail pour les entreprises
Type de flexibilté Objectif Modalités
Quantitative externe Faire fluctuer les effectifs de l'entreprise en fonction des besoins de l'activité Licenciements facilités, contrats de travail de courte durée
Quantitative interne Faire varier la quantité d'heures travaillées pour un effectif donné, sans modifier le nombre de salariés Temps pariel, heures supplémentaires, annualisation du temps de travail
Qualitative externe Suppression de certaines fonctions assumées par l'entreprise par le recours aux services d'entreprises extérieures soit de production soit de services Délocalisation des activités, location de personnel
Qualitative interne Modification de l'affectation du personnel aux postes de travail selon les besoins Polyvalence des salariés
Salariale Faire varier les salaires, le coût de la masse salariale Répercuter sur les salaires les évolutions du CA, des coûts de revient, salaires au rendement