Chapitre 6 : Qu'est-ce que la politique économique ?

I. Quelle place pour l'État dans l'économie ?

Libéralisme économique versus interventionnisme

Deux écoles s'affrontent sur la place que doit occupé l'État dans l'économie :

  • le libéralisme prône une intervention minimale de l'État.
    Les mécanismes du marché permettent un fonctionnement autorégulateur, autonome et optimal de l'économie. L'État doit donc seulement assurer les fonctions régaliennes que sont le maintien de l'ordre (police), la justice et la défense nationale et laisser le libre jeu de l'offre et de la demande agir sur les marchés ; l'État a aussi pour rôle de veiller au respect des règles de fonctionnement de l'économie de marché et donc de faire respecter la concurrence (« État gendarme ») ;
  • l'interventionnisme prône une intervention importante de l'État dans l'économie pour la stimuler et favoriser une politique sociale.

De nos jours, aucun État n'est purement libéral ou purement interventionniste. Les États sont tous, à des degrès différents, libéraux (le marché fonctionne librement) et interventionnistes (ils interviennent sur l'économie).

II. Quels sont les différents horizons des politiques économiques ?

L'action de l'État s'inscrit dans un horizon temporel.

Ces politiques économiques visent soit à :

  • créer les conditions d'un meilleur fonctionnement du système économique en faisant évoluer ses structures : c'est la politique structurelle (politique de concurrence, d'innovation industrielle...) ;
  • réguler l'activité économique, qui connaît à court terme des fluctuations : c'est la politique conjoncturelle (politique de relance ou politique de stabilisation et de rigueur).

III. Quels sont les objectifs de la politique économique ?

A. Réguler les marchés

Le fonctionnement des marchés peut être imparfait (des situations d'entente ou de monopole peuvent exister) ou défaillant (il ne fournit pas les biens ou services publics, non rentables pour une entreprise privée). L'État doit donc intervenir pour garantir une concurrence effective sur les marchés et fournir les services publics nécessaires au fonctionnement de l'économie (éducation, santé...).

B. Protéger contre les risques sociaux

Le fonctionnement d'une économie libérale aboutit à une inégale répartition des revenus primaires (revenus du travail et du capital). Certains, comme les chômeurs ou les retraités, sont mêmes exclus du partage des revenus. L'État, par sa politique de redistribution, essaye de corriger en partie ces inégalités.

C. Stabiliser l'activité économique

Le marché ne donne pas un fonctionnement régulier de l'économie : des crises peuvent apparaître, créant chômage ou inflation.

L'État, par sa politique économique, va chercher à atteindre les grands équilibres macro-économiques : une croissance forte, une situation de plein emploi, une stabilité des prix et un commerce extérieur équilibré (le carré magique).

Il est difficile voire impossible, d'atteindre tous ces objectifs à la fois, certains étant même contadictoires.

Avant toute politique économique, il faut déterminer (qualifier) la situation dans laquelle se trouve l'économie d'un État. Quatre situations conjoncturelles peuvent être recensées :

Expansion Situation où le PIB augmente (sur une courte pérode)
Stagnation Situation où le PIB n'augmente pas, reste stable
Récession Définie statisquement comme une période d'au moins deux trimestres consécutifs avec une baisse du PIB. De façon plus générale, on parle de récession dès qu'il y a ralentissement de la croissance, c'est-à-dire une baisse des taux de croissance, même s'ils restent positifs
Dépression Forme grave de crise que se caractérise par la baisse durable de la production et du PIB, baisse généralisée de l'activité

Pour mener une politique économique conjoncturelle adaptée à chaque situation, les décideurs disposent de la politique monétaire et de la politique budgétaire.

IV. Quels rôles pour la politique monétaire ?

A. Gérer l'offre de monnaie

Depuis la création de l'euro, les États ayant adopté la monnaie commune (19 États sur 28 : Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie, Slovénie) ont transférés leurs pouvoirs en matière de monnaie à la Banque centrale européenne (BCE).

La BCE, indépendante des différents gouvernements, a pour mission essentielle de maintenir la stabilité des prix dans la zone euro (2% d'inflation par an au maximum). Elle doit aussi apporter son soutien aux politiques économiques des États.

B. Contrôler l'inflation et accompagner la croissance

La politique monétaire doit répondre à deux objectifs : la maîtrise de l'inflation et la croissance économique.

Pour atteindre ces objectifs, la BCE dispose du pouvoir de fixer les taux d'intérêt directeurs (ou taux de refinancement).

Une baisse des taux directeurs de la banque centrale incite les banques commerciales à baisser leur taux de crédit. Cette baisse des taux incite les agents économiques à emprunter pour consommer ou investir. Le risque est alors l'inflation due à un excès de demande.

Une baisse des taux directeurs renchérit les coûts des crédits accordés par les banques commerciales. Les agents économiques empruntant moins, il y a un risque de ralentissement (récession) économique.

V. Quels rôles pour la politique budgétaire

A. Définir le budget de l'État et ses dépenses publiques

Les prélèvements obligatoires désignent tous les versements effectués par des personnes physiques ou morales aux administrations publiques afin de financer leurs dépenses.

Les impôts sont prélevés sur l'ensemble des contribuables et constituent un versement obligatoire et sans contrepartie. Ils servent à financer les dépenses publiques.

On distingue trois types d'administration : l'État central, les administrations de Sécurité sociale et les administrations locales.

Le budget de l'État correspond à l'ensemble de ses ressources et de ses dépenses sur un an. Les impôts peuvent être progressifs (l'impôt sur le revenu) ou proportionnels (la TVA).

Les principales dépenses de l'État sont l'éducation, la défense et le service de la dette.

B. Réagir face à la conjoncture économique

L'État grâce à son budget, peut agir sur l'économie en modulant ses dépenses, sa politique fiscale et le niveau de son déficit.

On distingue les politiques de relance et les politiques de rigueur :

Politiques de relance de rigueur
Mises en œuvre Augmentation des dépenses et du déficit Augmentation des impôts et diminution des dépenses publiques
Objectifs Favoriser l'activité économique et la demande Lutter contre le déficit public et l'endettement public